M : Alors Gwendal, dis nous-en un peu plus sur toi.

Je suis quelqu’un d’authentique et je n’ai pas ma langue dans ma poche. J’aime faire les choses à ma façon. J’aime voyager, découvrir de nouvelles choses, tisser des liens avec les personnes qui m’entourent.

M : Si tu devais te décrire en 3 mots ?

Têtu – créatif – à l’écoute (ça fait 5 j’ai triché).

M : Quel est ton parcours scolaire?

J’ai fait toute ma scolarité maternelle, primaire et secondaire en France. Je suis ensuite allé à l’Université mais les études n’ayant que peu de sens par rapport à la profession que je visais, j’ai préféré poursuivre mon cursus en Belgique. J’ai fait mes 3 ans de formation d’instituteur primaire à la HEAJ en effectuant un Erasmus la dernière année afin de compléter ma formation autour des pédagogies européennes.

En toute honnêteté, le parcours pour devenir enseignant en France aujourd’hui est déplorable, pour rester poli. J’aurais pu rester faire ma formation là-bas mais en plus de la trouver incohérente, je la trouvais clairement incomplète. Donc dans un élan de professionnalisme, j’ai fait mon sac à dos et je suis parti.

Ne me voyant pas étudier la pédagogie dans une autre langue que le français, j’avais plusieurs choix : Belgique, Canada, Suisse… En lisant le programme proposé par la HEAJ, j’ai été emballé alors je me suis inscrit et j’y ai fait mes trois ans d’études.

Au final, je n’ai aucun regret. C’était enrichissant et je me suis très bien intégré. La culture et les différentes personnes que j’ai pu côtoyer sont déjà une très bonne raison pour dire que oui, c’est cool de réaliser ses études en Belgique. La preuve en est que je suis toujours là aujourd’hui.

M : Qu’est-ce qui t’a le plus marqué à l’école?

Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai fait la plus grande partie de ma scolarité en France. Or, le système français se veut très compétitif. Je dirais même que ce trait est profondément ancré et se remarque dès l’entrée à l’école primaire.

Ce phénomène, je ne l’ai clairement pas ressenti durant mes études en Belgique. Je me suis plus senti considéré en tant que personne à part entière plutôt qu’en tant qu’individu faisant partie d’un groupe. Il m’était alors bien plus facile de me construire en tant qu’enseignant ainsi qu’en tant que personne.

M : Un professeur t’a spécialement marqué? Pourquoi?

Je ne vais pas faire de jaloux, je dirais qu’ils m’ont tous marqué à leur façon. Chacun avait sa manière de faire, de voir l’enseignement et c’est aussi grâce à cela que j’ai pu me rendre compte de la liberté de mise en œuvre que permettait la profession.

M : Quelles sont les difficultés auxquelles tu as été confronté durant tes études et après?

Lors de ma deuxième année d’étude, j’ai effectué un stage qui s’est mal passé. Je pense que j’étais trop sûr de moi et je me suis bien ramassé. Je n’ai pas accroché avec ma maitre de stage et je me suis alors rendu compte à quel point la hiérarchie est importante au sein de la profession. J’ai eu une baisse de confiance mais elle est revenue par après et je me suis convaincu que j’étais bel et bien fait pour ça.

Maintenant que je travaille, je me rends bien compte que la difficulté principale reste l’adaptation à son milieu. Durant les remplacements que l’on doit effectuer avant la nomination, on est amené à « voyager » entre les écoles et parfois à en voir de toutes les couleurs. Que ce soient des contraintes humaines ou matérielles, il faut savoir faire avec, même si ça n’est pas toujours facile.

M :Dirais-tu que la HEAJ t’a bien préparé au marché du travail?

Dans l’ensemble oui, même si la formation d’un instituteur se fait tout au long de sa carrière. Je regrette néanmoins l’absence de préparation à la suite immédiate des études. L’inscription dans les PO et la paperasse administrative auraient été des choses que j’aurais aimé voir abordées plus en profondeur durant la formation.

Mais bon, trois ans c’est très court et il est impossible de parler de tout.

M : Où travailles-tu actuellement? Que fais-tu au quotidien?

Pour le moment, j’enseigne en première primaire dans une petite école de Seraing. Depuis ma diplomation (non ça n’est pas une erreur c’est québécois), j’ai enchainé des remplacements dans tous les niveaux, dans le communal ou le libre, dans l’ordinaire comme dans le spécialisé.

Au quotidien, j’enseigne. J’enseigne bien sûr les matières telles que le français, les maths ou l’éveil, mais surtout j’essaye de donner aux enfants l’amour de l’école et de l’apprentissage. C’est loin d’être facile mais c’est ma plus grande motivation quand je franchis la porte de ma classe.

M : Est-ce que ton métier te plait? Quels sont ses atouts selon toi?

Oui, il n’est pas facile tous les jours, il est plein de contraintes, parfois même de déceptions, il est chronophage, fatigant, mais je l’adore.

Comme je le disais, il laisse une grande liberté d’action sur l’exécution du programme. Je peux faire les choses comme il me plait et surtout comme il peut plaire aux enfants. Si je devais faire comme tout le monde, que je ne pouvais pas y mettre ma petite touche personnelle, au contraire ce serait l’enfer.

Le contact humain est aussi très chaleureux, on apprend tous des uns des autres et c’est très agréable. Et quand je dis tous, je parle aussi bien des enfants que de moi.

M : Comment te vois-tu dans 10 ans ?

L’expérience en plus, j’espère ne pas beaucoup changer par rapport à maintenant. C’est un métier de convictions, si on les change, c’est toute la profession qui s’en voit transformée. Si j’aime les choses telles qu’elles sont à l’heure actuelle, j’espère pouvoir en dire autant dans dix ans.

M : Un conseil pour les étudiants actuels?

Si vous avez confiance en vous, en vos capacités, alors croyez en vous et allez jusqu’au bout. C’est un métier qui n’est pas facile mais qui en vaut la peine ! Cependant, je préfère le dire, enseigner n’est pas quelque chose qui se prend à la légère. Ce qui fera de vous un bon enseignant, ça sera votre implication et votre savoir-être avec l’équipe et avec les enfants et avec l’équipe avec lesquels vous serez amenés à travailler.

M : Ton souvenir le plus marquant à la HEAJ?

Sans hésitation, le projet des 24H. C’était grandiose et le résultat valait clairement toute l’implication que nous avons tous donnée.

Au final l’expérience semble un peu folle mais j’ai adoré et beaucoup appris en très peu de temps.

M : Sur une échelle de 1 à 10, où tu te situerais en termes de bizarrerie?

Aujourd’hui, pour parler des planètes à ma classe de 1ère, j’étais Saturne et les enfants jouaient les astéroïdes qui formaient mes anneaux en faisant des cercles autour de moi. Voilà, voilà…

M : Et enfin, as-tu une devise?

Si tu ne crois pas en toi tu n’arriveras nulle part. L’important c’est d’oser, il n’y a rien à perdre à essayer et toujours beaucoup à gagner.