L : Alors Sarah, dis nous-en un peu plus sur toi.

SP : Je m’appelle Sarah Parmentier, j’ai 27 ans. J’ai fait mon CESS à Félicien Rops et ensuite, je suis venue à la HEAJ. Je me suis naturellement inscrite en animation et illustration numérique 2D parce que je suis une grande fan de dessins animés. J’aimais bien l’idée de faire des illustrations, des décors pour les animations…

L : La formation a-t-elle collé à tes envies, à tes besoins?

SP : Oui. Franchement. En même temps, l’illustration, c’est quelque chose que je ne considère pas comme un travail. Je m’amuse plutôt à le faire. Par contre, durant mes études, j’ai mis du temps à trouver ma « patte », les professeurs me le faisaient remarquer souvent. A chaque fois que je présentais un travail, selon eux, ce n’était pas abouti et cela a été une période un peu difficile pour moi. En fait j’ai vraiment trouvé mon univers trois mois avant la remise du TFE. A partir de là, j’ai fait trente illustrations en à peine deux mois. Je n’en pouvais plus. Mais ça a fonctionné et j’ai commencé à vraiment apprécier d’être à l’école. L’ambiance était bonne, c’était super.

Pour mon TFE, j’ai fait une animation 2D avec Pauline Kilesse. J’ai fait tous les décors de l’animation et elle a fait l’animation 2D (voir le TFE ici  ). On a bossé, bossé, bossé là-dessus. On était tellement crevées. D’ailleurs, on dormait dans le bâtiment 2D. Avant, on pouvait faire ça, maintenant, je ne sais pas si c’est encore possible. On avait nos matelas et tout. On est restées deux semaines 24h/24 là, dans le bâtiment 2D. Le pire, c’est qu’on n’a pas eu le temps de terminer pour juin. On a dû le faire pour août.

Et finalement, l’animation 2D a été sélectionnée par les membres du jury pour aller en festival. On n’a pas été retenues ensuite, mais c’était vraiment une chouette expérience. On était vraiment mortes crevées, mais c’était super.

L : Est-ce que quelque chose t’a particulièrement marqué à la HEAJ?

SP : Ben surtout l’ambiance de travail de fin d’année. Tout le monde est là, affairé, fatigué, tout le monde râle, mais on le fait quand même.

L : Tu dirais que c’est une bonne ambiance après coup?

SP : Oui, franchement, c’était chouette. Le rush de fin d’année. Même si on était ultra crevés, c’était une bonne expérience. Si je devais le refaire, je le referais.

L : As-tu eu des difficultés pendant tes études ou après?

SP : Ce sont des études fort fatigantes. Je les ai faites en 5 ans, mais j’ai quand même réussi. Ensuite, c’est difficile de maintenir un rythme de travail régulier. De se faire voir, de dessiner tous les jours. On a tendance à laisser tomber, à faire d’autres choses. C’est un peu de la procrastination.

L : As-tu des projets en tête pour la suite?

S.P :  Et bien, mon premier livre est sorti au mois de novembre. C’est la Renaissance du Livre (maison d’édition) qui m’a contactée via ma page Linkedin et Facebook.

L : Comment ont-ils découvert ton travail?

SP : En fait, pendant deux ans, je ne me suis pas vraiment mise en avant. Un jour, je me me suis dit : « Faut te bouger ma fille! ». J’ai commencé par créer une page Linkedin et Facebook. Et une semaine après, la maison d’édition m’a contactée. A mon avis, mon Linkedin a été mis en avant et c’est comme ça qu’ils m’ont trouvée. Ils m’ont demandé si ça m’intéressait d’illustrer une de leurs histoires. J’ai dit oui, évidemment!

C’est Frank Andriat – un ancien professeur de français – qui a écrit le texte. C’est quelqu’un de très connu dans le milieu et il a flashé sur mes dessins. La maison d’édition m’a envoyé deux histoires et j’ai pu choisir. J’ai choisi Papy de Neige parce que je le sentais bien. Je n’ai eu que trois mois pour faire les illustrations.

L : Ils t’imposent les conditions? Comment ça se passe?

S.P : Il n’y a pas vraiment eu de conditions. Ils m’ont demandé de faire la page de couverture en premier pour montrer mon univers. Frank a donné un premier avis. J’ai rencontré l’éditrice et Frank, et on a fait un storyboard ensemble. Ensuite il y a eu le contrat. Ils m’avaient prévenue que j’aurais trois mois. C’était un beau challenge, j’ai dit oui!

L : Qu’est-ce que ça te fait de voir ton premier ouvrage imprimé, mis en avant à la FNAC, dans des bibliothèques…?

SP : Je suis fière ! C’est un truc que je voulais vraiment. Ca m’est tombé dessus comme ça et j’étais là (elle tend les bras ouverts)… Je n’en croyais pas mes yeux! Je montrais le mail à tout le monde. Pour moi, c’était la fête.

L : Est-ce que tu trouves que ta formation t’a bien préparée au marché de l’emploi?

SP : Honnêtement, la sortie de l’école n’a pas été facile. C’est différent en fait, tu es à l’école et puis d’un coup on te dit « Cherche du boulot ! » Ca fait une cassure et c’est difficile. Je trouve qu’il faudrait un cours sur l’entrepreneuriat, pour nous apprendre à nous lancer en tant qu’indépendant. Maintenant, il faut que je prospecte, mais ce n’est pas facile. Je ne sais pas vraiment comment faire. Par contre, au niveau de l’illustration, des compétences, oui, c’est une très bonne école. Il n’y a pas de doute.

L : Est-ce qu’il y avait déjà le projet d’école entrepreneuriale lorsque tu étais à la HEAJ? Est-ce que ça te dit quelque chose?

SP : Non, ça ne me dit rien.

L : Désormais, la HEAJ est reconnue École Entrepreneuriale par l’Agence de l’Entreprise et de l’Innovation (AEI), ce qui nous permet d’offrir un encadrement aux étudiants qui veulent se lancer en tant qu’entrepreneurs. Un référent entrepreneurial fait désormais partie de l’entourage de ces étudiants (Didier Moens – didier.moens@heaj.be). Tu peux même avoir accès à un incubateur, etc. (plus d’infos par ici).

SP : Ce n’était pas encore le cas à l’époque, mais c’est intéressant parce que ça, je trouve que ça manquait. Ce n’est pas évident de savoir où je dois aller. Parfois je fais plusieurs choses en même temps, je tourne en rond et ce n’est pas super. Ici j’ai fait une exposition à la boutique Ramd’âm à la fête du Ramd’âm. Je pense que je vais partir un peu plus de ce côté là. Je sais qu’il y a le marché Vintage au Hang’Art. Je vais demander de pouvoir y exposer. Il y a aussi « Chambres avec vues » auquel j’aimerais participer.

J’ai également un autre projet de livre d’illustration en tête. Je vais essayer de le proposer aux maisons d’édition. Et si ça ne va pas, je m’auto-éditerai parce que c’est possible, notamment avec Ulule, une plateforme de crowdfunding.

L : Une fois que ton livre, Papy de neige, a été édité, as tu eu des retours? Est-ce que ça marche bien?

SP : Je ne le saurai qu’au mois de mai, mais je pense que ça marche bien car la maison d’édition a bien fait son boulot. Il y a eu de la publicité, Papy de neige est chez Belgique Loisirs, j’ai été à la Foire du livre de Bruxelles pour faire des dédicaces et c’est Papy de Neige qui est le plus parti dans les livres d’illustration donc… je me dis c’est que ça attire le public.

Ici, je compte proposer à la maison d’édition mon livre d’illustration. Ils ont commencé une gamme de livres d’illustration pour enfants et justement, le but c’était de travailler avec des jeunes illustrateurs. Alors je vais me lancer et puis je verrai bien.

Côté projet, Frank a écrit un roman (aux éditions Marabout) et m’a demandé de faire l’illustration de la couverture, ce que j’ai évidemment accepté. Le livre vient de sortir et sera en librairie le 23 août. Le titre : « Le Bonheur est une valise légère » de Frank Andriat (éd. Marabout).

L: Dans quelles conditions crées-tu?

SP : Le soir. Quand je suis tranquille et que je suis bien dans ma peau. Quand il y a quelqu’un qui travaille a côté de moi aussi. J’ai plus de mal à m’y mettre quand il n’y a pas une ambiance de travail autour de moi.

L : Tu connais les espaces de coworking?

SP : Non.

L: Ce sont des espaces de travail partagés. Cela pourrait être intéressant pour toi.

SP : Oui… mais je ne sais pas s’il y en a un à Namur.

L : Il y en a un derrière la gare. Ca s’appelle Coworking Namur et la première journée est gratuite.

SP : Ah ça c’est intéressant car justement j’en ai parlé avec plusieurs connaissances, je me disais que ce serait bien pour moi. Je vais regarder à ça.

L : Aurais-tu des conseils pour les étudiants actuels?

SP : Alors… Se créer une page sur Facebook, Linkedin et un site web. Pour ma part,  je suis en train de faire mon site web. C’est important car mon blog pourrait être supprimé à terme alors qu’un site… J’ai acheté le nom de domaine www.sarahparmentier.be. C’était disponible. C’est net, clair et précis.

Sinon…dessiner tous les jours et actualiser son profil Linkedin pour que ça reste « au dessus de la pile ». Un autre conseil durant les études serait « Y aller à fond !»

L : Et après les études ?

SP : Y aller à fond aussi (rires) !

L : Comment te vois-tu dans 10 ans?

SP : Célèbre ! (rires) Non, je ne sais pas. Illustratrice indépendante à mi-temps., et avec un autre mi-temps plus stable. Pour l’instant, c’est mon objectif. Peut être refaire une formation aussi. Si je pouvais choisir, j’aimerais trouver un mi-temps en digital printing. C’est un secteur qui commence à s’ouvrir et ça m’intéresserait de voir mes illustrations sur les murs, les façades, etc. Je ne sais pas si ça va être possible, mais ce serait bien.

L : Ton souvenir le plus marquant à la HEAJ?

SP : Je crois que c’est mon travail de fin d’études avec mon amie. Les quinze jours à dormir à l’école. Franchement, tout le monde s’y est mis, avec la bouilloire électrique, la machine à café, y avait même du savon dans les toilettes pour se rafraichir le matin. C’était un petit campement. Un bon souvenir !

L : Sur une échelle de bizarrerie, où te situes-tu entre 0 et 10 ? et pourquoi?

SP : Ouh! Heu… C’est pas évident ça! Je dirais 6 ou 7. parce que tout le monde me dit que je suis « bizarre ». Je suis souvent dans la lune et on me dit que j’aime des trucs bizarres.

L : Genre?

SP : Les choux de Bruxelles. (rires) Personne n’aime les choux de Bruxelles d’après mon compagnon donc c’est que je suis « bizarre ».  Je sais pas. C’est compliqué comme question.

L : Et enfin as-tu une devise, une phrase qui te porte ou qui te représente?

SP : “Tout va bien se passer!”

Envie de retrouver le travail de Sarah ? N’hésite pas à consulter son blog sur http://sarahparmentier.tumblr.com/

Envie de contacter Sarah ? : +32 478 03 60 93 ou sarah.parmentier@hotmail.fr

 

Tu es un.e ancien.ne étudiant.e de la Haute École Albert Jacquard? Tu as suivi des études en économie, infographie, paramédical ou pédagogie chez nous et tu souhaites partager ton parcours? Contacte-nous !